Philippe Thomas fait partie de ces pilotes
passionnés peu connus du grand public, pourtant
Philippe a écumé les circuits pendant de longues
années. Son
parcours est parsemé de joies et de peines, de
victoires et de défaites. Philippe a tout donné à
cette maîtresse exigeante qu'est la course moto, il
aurait pu lui donner sa vie et il a encore dans ses
chaires les traces d'un très grave accident. Malgré
ces séquelles, lorsqu'il me relate ses souvenirs,
Philippe n'a dans la voix aucune amertume, bien au
contraire, ses mots vibrent d'une passion
communicative ...
Bonjour Philippe, peux
tu te présenter ?
Je suis né le 1er juillet
1958, à Bouzillé (49) rue de l'enfer, sous les toits
(oui oui, c'est vrai). j'ai été marié une première
fois en 1981, avec Betty, j'ai eu 2 enfants, Ophélie
et Anthony. Je suis même papy maintenant par Ophélie
de 2 petits enfants. Je me suis remarié en 1997, avec
Isabelle, en 1997, qui m'a donné 2 enfants également,
Noé né en 1998 et Flavie, née le 4 mai 2003, quatre
mois avant mon accident (j'ai failli ne pas la
connaître), donc je ne te dis pas mon bonheur d'être
revenu de tout ça, même si j'ai encore quelques
séquelles invisibles extérieurement (état ébrieux, et
état dépressif permanent).
Peux tu nous parler de
tes souvenirs de pilote ?
Des souvenirs, j'en ai à
la pelle, tu te rends compte plus de 27 ans à courir
en France et à l'étranger. Heureusement, mon coma ne
m'a pas fait oublier quoi que se soit. Donc quand je
serai vieux, je pense que j'écrirai mes mémoires de
pilote.
Des souvenirs ?
Mes meilleurs souvenirs, il y en a beaucoup, mais je
peux t'en raconter quelques-uns, pas trop long quand
même.
Ma première course, à ALBI, en 1977, je n'avais
jamais pris un départ, ni bagarré en paquet, et je
termine sur le podium, 2ème, avec une moto totalement
de série, je ne savais pas que l'on pouvait faire une
préparation.

COUPE
KAWA 1978
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Un autre, c'est déjà à SPA, en 1978 où je
termine second derrière P-E SAMIN, le vainqueur de la
dernière COUPE KAWA avec les 400 KH 3 cylindres 2
temps. On a mis plus de 23 heures pour arriver à SPA,
avec une FIAT 124 coupé et la 400 KAWA sur la
remorque. La voiture s'est arrêtée à ZARBUKEN, à 1
heure du matin, et sans aucune formation mécanique,
seulement quelques outils, j'ai recalé l'avance aux
vis platinés avec un tournevis, et cela a suffit pour
arriver à SPA, et revenir sur TOULOUSE mais la voiture
est arrivée sur 3 cylindres et n'a plus jamais
redémarrée.
Ton meilleur souvenir ?
Mon meilleur souvenir ? il
y en a tellement, en presque 30 années de compétition,
mais il me semble que le plus fort, comme pilote,
c'est la victoire, lors de la dernière manche 1998, en
Pro-Twin où il fallait absolument que je gagne pour
être titré champion, quelque soit la place de Michel
ROBERT, second au général, car après avoir dominé le
début du championnat, avec 4 victoires, j'ai été
victime, en course et chaque fois en tête, d'une chute
au Ricard, à cause d'un pneu avant défectueux, d'un
début d'incendie sur ma VTR, à Lédenon, et pour finir,
la perte de l'écrou de roue arrière, lors du tour de
chauffe de l'ultime manche qualificative de Pau. Et
c'est Fred MOREIRA qui m'a prêté celui de sa ZX9R, qui
heureusement se montait sur ma VTR. En partant avec un
demi tour de retard, je termine en dix septième
position des qualifs. Donc je suis placé en cinquième
ligne pour la finale. Après avoir longuement hésité
quant au choix de pneus, car la piste était à moitié
humide, et avec un slick arrière simplement légèrement
taillé au cutter, et un pneu promosport avant, j'ai
fait un choix qui m'a donné confiance en mes
possibilités de victoire. Mon départ ainsi que le
premier tour ont été percutant, et je n'ai cessé de
doubler, même sur la partie mouillée de la piste, je
n'ai pas douté une seule seconde, et j'ai gagné cette
course, comme un extra-terrestre. Je pense que c'est
mon plus fort souvenir en course. Mais finir
le BOL ou les 24 Heures du Mans en poussant la moto,
ce sont également de gros et forts souvenirs (YZF YAM
31-TECMAS 95 au Bol et surtout, VOXAN-Kerlo aux 24
heures 2001) je ne sais pas ce que le mot "abandon"
signifie, encore aujourd'hui.

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Des mauvais souvenirs ?
Je n'ai aucun mauvais souvenir, seulement
quelques images d'accidents graves arrivés à d'autres
pilotes. Mais, même dans les plus grosses galères, il
y avait toujours en moi ce plaisir de la course, et
surtout les voyages et le partage de tout, sur les
paddocks. La vie est faite de rencontres, et on a
toujours besoin des autres pour arriver au bout des
choses. J'ai cette philosophie depuis toujours, et je
pense que la course moto m'a donnée encore plus cette
volonté de plaisir et de partage. Je peux dire que
pendant toutes ces années de compétition, je n'ai
jamais triché en quoique ce soit, sauf, une seule
fois, en 1983, lors d'une épreuve de la Coupe YAMAHA
GAULOISE, où j'ai failli renoncer à la course moto,
car je me croyais trop moyen, et mon ami Eric DELCAMP,
me voyant presque désespéré, face à une moto trop
moyenne, m'a donné quelques conseils pour l'améliorer
un peu. Et comme par miracle, ma YAM marchait comme
les autres. J'ai donc pu me mesurer aux meilleurs
pilotes de la catégorie, j'ai même mené quelques tours la
course. A deux tours de l'arrivée, je suis quatrième,
tout va bien, quand au dernier freinage, Philippe
PAGANO, futur vainqueur de la course et du
championnat, se détache d'une vingtaine de mètres, et
le teigneux Eric DELCAMP, veux revenir sur lui en
freinant vraiement trop tard, et termine son virage
dans l'herbe. Moi, je suis sur la piste, et horreur,
troisième....donc je fais semblant d'accélérer,
couché sur ma moto, en espérant qu'Eric ne tombe pas.
Je termine donc cette course en quatrième place, avec
le tour d'honneur, aux cotés des trois premier, et moi
quatrième et premier local. Cette course m'a permis
de me redonner confiance en moi, et donc de continuer
ma carrière presque 25 ans de plus. (le directeur de
course à l'époque était BENJAMIN SAVOYE, et j'ai eu le
bonheur de pouvoir lui raconter cette histoire il y a
quelques années).
Le plus mauvais, ce n'est
pas un souvenir, car je pense que c'est mon accident
de SPA, le 31 mai 2003, avec 15 jours de coma, car
j'ai toujours des séquelles.
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Peux tu nous raconter
quelques anecdotes ?
Des anecdotes. Pour
courir, qu'est ce qu'on ne ferait pas. Les
péages...quand on passe à dix à la queue leu-leu
camion, caravanes etc... par un portail laissé ouvert,
le fuel pour le camion...les voyages, les rencontres
aux quatre coins de France, avec les accents suivant
les régions des copains pilotes ou assistants. Un
changement de moteur, au BOL 1991, pour finir, avec
Gabriel G, qui occupe Charles K pendant qu'un mécano
met le moteur en place et qu'on décide tout à coup de
repartir, après plus d'une heure d'arrêt.

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Quel est ton parcours
professionnel ?
Mon parcours professionnel, a
toujours été lié à la moto. Soit à mon compte, dans le
bâtiment, isolation, soit représentant, pour FURYGAN,
DEVIL, BREMBO, KIWI, ANSWER, IGOL, associé dans deux
sociétés de coursiers POLE POSITION, et RACING
SERVICE, 6 ans chef des ventes chez DYNA-CHAINS
BELGIQUE, kits-chaines, plaquettes de freins et divers
matériels pour la moto puis Chef des ventes chez
TRIUMPH FRANCE, 1999, Inspecteur Commercial pour
YAMAHA MOTOR FRANCE, où j'ai été embauché par Monsieur
ERIC DE SEYNE, alors n°2 chez YAMAHA, et maintenant
c'est avec plaisir que je l'ai revu à NOGARO, il y a
quelques semaines, comme successeur de JCO et à la
tête de YAMAHA MOTOR FRANCE. J'ai monté en 2000, après
l'épisode YAMAHA, une société de coursiers au nom de
SUPERPOLE, avec une douzaine de salariés, deux roues
et fourgons, mais suite à plusieurs accidents de la
circulation en scoot, j'ai décidé d'arrêter mon
activité, il y a quelques mois. L'avenir, c'est
l'association dans un restaurant branché moto sur
l'avenue d'ATLANTA, à TOULOUSE, et animer mes stages
de conduite sur circuit avec JC JAUBERT au seing de
TTJ SuperPole où vous pouvez vous inscrire avec le
lien www.ttsuperpole.com et je me ferai un plaisir de
vous faire partager ma passion pour la moto sur
circuit.
Ton implication dans la
course moto aujourd'hui ?
Mon implication dans la
course aujourd'hui, c'est à travers TTSuperpole,
stages et roulage, également soutien de pilotes
locaux.
Les pilotes qui t'ont
marqué ?
Les pilotes qui m'ont
marqués, français d'abord, Patrick PONS, que j'ai vu
la première fois à Nogaro en 1974, Ch SARRON, pour ses
bagarres en GP avec les plus grands lors des années
80/90, Régis LACONI, qui aurait du finir Champion du
Monde SBK et qui partait pour une saison 2009 en
guerrier, Virginio FERARRI, Barry SHEENE pour son
charisme et ses facéties. Bien sûr, j'adore Valentini
ROSSI, car en plus d'être un très grand champion,
il est un superbe ambassadeur pour la moto mondiale.
Tes loisirs
Mes loisirs. J'ai eu la
chance d'avoir quatre enfants, Ophélie 27 ans Anthony
25 ans, avec Betty, et Noé 12 ans et Flavie 7 ans,
avec Isabelle, donc je profite de leur présence, et
de leur affection, car j'ai failli ne pas connaître la
dernière née le 4 février 2003 (accident le
31mai). J'ai fais la Légend Car en 2004, pas mal, mais
je pensai que j' irai mieux physiquement, ce qui
n'était pas le cas, j'ai même fais une course de CM2 à
PAU, en 2006, que j'ai terminée second, mais il me
manque le plaisir et l'adrénaline, donc fini la
course. Je fais un peu de quad (450 KODIAK) avec mon
fils Noé. Dans l'attente de te lire, et en te
félicitant pour ton beau site qui permet à un plus
grand nombre de parcourir les années
moto/passion, pour notre plus grand bonheur à
tous. tchao, Philippe THOMAS

24 H du
Mans 2002


2003,
Philippe Thomas vainqueur de la manche de Nogaro en
Super Roadster Cup
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excel)

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