CETTE
ANNEE LA : Revivez
les principaux événements de ces
années là. Sport, actualité,
cinéma, musique et bien entendu moto. De nombreuses
photos, liens vers des sites, documents
d'époque.
"Je
m'appelle Gérard Edouard Jumeaux, dit "Mémé" ou
"Nounours" ou "Pupuce". Je suis né le 28 mai 1947
à Gentilly pratiquement dans le panier d'un side. Je suis probablement
le pilote de side-car à avoir connu le plus de passagers, environ une
quinzaine. Je mesure 1m80 et pèse 105 kg, lorsque tous les pleins
sont faits. J'ai vécu sur les fortifications de Paris et j'y ai
appris à vivre d'une certaine façon.
Je n'aime pas les filles "nounouilles",
type faibles femmes, la vivacité d'esprit, la débrouillardise ont pour
moi beaucoup d'importance, à part cela, brune ou blonde, cheveux courts
ou cheveux longs, elles ont toutes leurs chances.
J'aime les grosses voitures américaines, je possède un break Chevrolet
dans lequel j'ai mis un moteur de 504 diesel.
Je crois que très prochainement les Français pourront figurer très
honnêtement dans toutes les grandes épreuves internationales. J'aime
beaucoup la mécanique et je suis très conscient du retard accumulé
dans ma discipline; je travaille beaucoup pour essayer de faire évoluer
la technique du side-car. Je gagne peu d'argent mais je me fais
plaisir." Les Grands de la Moto édition PAC
Résumé
du livre les Grands de la Moto de Rémy Fernandez et Michel Leblond
(éditions PAC 1975)
Avec sa maman et sa
grande
soeur en Août 1948
Gérard
est pratiquement né dans un side-car, en effet, lorsque les
douleurs se rapprochent, impossible de trouver une ambulance, alors
M. Jumeaux sort le side familial et en route vers l'hôpital. Si
finalement Gérard n'est pas né dans le panier, l'environnement
familial très motard l'a fortement influencé. Gérard va grandir
auprès d'une soeur de 6 ans son aînée dans le quartier de la
Porte de Montreuil. Mais tout près de la Porte de Montreuil, il y
avait un "terrain" de jeu formidable pour les gamins du
quartier, en effet les buttes à Morel était le plus célèbre
terrain de moto-cross de la banlieue parisienne. A 6 ans il commence
à s'entraîner sur cette "piste" avec son nouveau vélo,
en cachette de Mme Jumeaux ! Son expérience des 2 roues se
complète par l'essai de la 500 Dollar paternelle. A six ans les
bras tendus au maximum pour essayer d'atteindre les poignées, son
père assis derrière lui, il évoluait dans la cour de l'usine dont
le papa était gardien. Et pour les vacances toute la famille
grimpait dans le side-car pour aller voir la grand mère paternelle
dans le Sancerre. Le virus moto était là, et à huit dix ans, le
dimanche après le cinéma, il allait rôder chez un vieux marchand
de motos d'occasions et il bavait devant les BMW, le summum de la
moto à cette époque. Ensuite c'est l'année du Certificat
d'Études, qu'il réussit. Gérard entre alors en
apprentissage et essaiera mille métiers avant de se retrouver très
logiquement apprenti dans un garage. Son premier engin
motorisé est un Vélovap (une sorte de solex) qu'il s'empresse de
transformer. Guidon spécial course, nombreux phares etc... à son
guidon il va faire une "balade" de 700 km en 3jours... il
faut le faire avec un engin qui plafonnait à 33 km/h !!! A 16
ans il passe son permis moto et il achète un Lambretta avec lequel
il va suivre bon nombres de courses. Quelques temps plus tard
trouvant le scooter pas assez rapide il trouve une 500 AJS Twin en
parfaite état qu'il peut acheter une bouchée de pain. Il commence
à fréquenter un petit cercles de passionnés qui se réunit dans
un café de la Place d'Alésia.
C'est
le début des longues balades dans toutes l'Europe à suivre les
Grands Prix... Mais à bout de souffle l'AJS explose et Gérard se
rachète une BMW R73 "Russie" qu'il remet en état et
décide de l'atteler à un side Précision. Mais après des vacances
"épiques" semées de pannes et de galères au guidon de
la BMW, de retour chez lui, s'aperçoit de l'étendu des dégâts...
pistons fendus, tiges de culbuteurs tordues, guides de soupapes
grippés, boite de vitesse ruinée... une véritable épave. Alors
comme la course le "titillait" depuis un moment, il
décide de passer à l'acte. Il garde la cadre de la BMW agonisante
et récupère un moteur provenant d'une machine de la garde
personnelle motorisée de ... Hitler. C'était une mécanique
exceptionnelle, grosse puissance en bas, idéale pour un side.
La machine avec
laquelle Gérard établit
4 records de France dès
sa première sortie.
Nous
sommes en 66 et Gérard décide de s'attaquer aux records de
Villacoublay. A la fin de la journée il totalise 4 records de
France qui tiendront 9 ans (battus par Moch-Marchand en 75). En side,
à l'époque, les vedettes en France sont Krajka et Duhem qui pilote
en Grands Prix un BMW RS. Il aura l'occasion de se frotter à
Duhem, à Montlhéry et il est très étonné de se voir créditer
du meilleur temps des essais... C'est là qu'il s'est vraiment rendu
compte de son potentiel et cette année là il remporte bon nombre
de victoires en courses de côtes et il finit les autres épreuves
à de très bonnes places.
En
1968, Gérard améliore son matériel et avec son passager de
l'époque, qui n'est autre que Pierre Louis Tébec (PLT), ils
remportent une dizaine d'épreuves. Mais le grand tournant fut quand
Gérard un soir à Alésia rencontra Xavier Maugendre alors jeun et
dynamique importateur Kawasaki. Pierre Louis Tébec lui achète la
première 350 A7R arrivée en France et Gérard obtient une 500 kawa
3 cylindres. Gérard très enthousiaste décide de construire une
partie cycle autour de ce moteur et s'engage avec cet attelage dans
3 courses inters (Nogaro, Bourg en Bresse et Clermont), mais la
partie cycle s'avère trop souple et le moteur explose à chaque
course !!!. Cette année là Gérard remporta quelques courses de
côtes et bâtit de nombreux records du tour sur circuit... Et à la
fin de la saison il rend le matériel à la Sidemm.
Un des épisodes peu
connu de la vie de Gérard, sa participation au Bol d'Or. Ici en 969 sur
une Guzzi avec Insermini et Murit. Il termina 8e au général en perdant
une heure d'arrêt au stand.
En
1969, Gérard échappe au service militaire.. et pense même
arrêter la compétition, mais en reprenant contact avec un copain,
Christian Leroux, il décide de remettre ça... en side-car cross !
Il rachète le side Champion de France de Christian et Lannes (le
passager de Leroux) propose de monter dans le panier de cet attelage
à moteur Norton Commando pour "initier" le
novice.
Les
premiers entraînements commencent en mars 1970, Gérard passe
une annonce pour trouver un passager et finalement c'est une jeune
femme de 48 kg qui sera retenue... Anne Marie. Les entraînements
sont durs et une grosse chute à Saunières l'envoie à l'hôpital.
Mais il fait le mur de la clinique. Quinze jours après c'est la
sélection du championnat de France à Thouars, Anne Marie est dans
le panier, mais c'est décidément trop dur et au bout de quelques
tours la machine est vendue et Gérard assistera à la fin de la
saison en spectateur, le bras plâtré et le coeur gros.
Le 15 août 1970 en
course de côte.
Fin
1971 revient d'Angleterre avec un nouvel attelage équipé d'un
moteur de 750 Honda d'origine. Mais la partie cycle n'étant pas au
top, il décide de la refaire avec l'aide de ses copains de Picpus
Moto.
En
1972, Gérard remporte 7 courses de côtes, mais en circuit le
moteur avait du mal à tenir la distance. La fin de la saison est
marquée par une belle course à Avignon. Après avoir réalisé le
7e temps des essais, Gérard prend un départ canon et mènent
devant le gratin international de la catégorie, il s'échappe mais
au bout de 10 tours il casse le tendeur de la chaîne et doit
abandonner sous les applaudissement de la foule. Pour Rungis, c'est
un moteur Japauto qui est monté, mais pas de chance également,
abandon pour des problèmes d'alimentation d'essence.
Le fameux side Kawa 500
ce fut le premier side 2 temps qui marchait réellement.
Pour
la saison 1973, l'attelage est encore amélioré. La première
course se déroule à Rouen et là le Japauto peut s'exprimer
jusqu'au drapeau à damiers que Gérard termine à la 3e place
derrière Auerbacher et Schauzu. Cette année là Gérard gagne une
vingtaine de courses de côtes en faisant "le spectacle",
ce qui plait beaucoup au public.
Pour
1974, Gérard s'aligne avec 2 sides le Honda et un Suzuki. En
course de côte il fera ainsi deux montées. Mais passé du 970
Japauto quatre temps au 500 Suzuki 2 temps, plus pointu et surtout
attelé à gauche, demandait à Gérard un certain sens de
l'adaptation. En septembre et Octobre sur 6 dimanches, ce fut 5
victoires. Cette année là il gagne également le Tour de France,
grâce à Maugendre et Murit qui lui procure un 900 kawa attelé
d'un side Précision - Altus. Son coéquipier était Jacques Caury.
Mais malgré cette belle victoire, la FFM ne veut pas l'homologuer
et encore moins distribuer les primes. Une "entourloupe"
qui reste sur le coeur de tous les side-caristes de
l'épreuve.
Avec Anne Marie, à
Rungis en 1972.
Le side Honda connut quelques problèmes.
Fin
1974 Gérard revend son side Honda à un débutant. Et
"Mémé" se remet au travail et prépare 2 sides, d'une
conception très originale et inspirés de la technique automobile.
Les moteurs seront des kawasaki 4 temps, 4 cylindres. L'article
consacré à Gérard Jumeaux se termine sur ses mots "Un
personnage attachant Gérard Jumeaux, un homme de la terre aguerri
par une jeunesse passée dans une banlieue où la voyoucratie était
reine. Un garçon au regard à la fois rusé et tendre qui semble
vous soupeser dès le premier regard, une façon de vivre qui
ressemble à son personnage, pas de détour, pas de faut fuyant.
C'est aussi l'un des pilotes pour qui courir est devenu une éthique
et qui a épousé la course pour le meilleur et le pire." Pour
la suite de le vie de Gérard, je laisse la parole à Anne Marie
(Interview de Michel Bidault 2006) ".. J'ai donc cessé un
temps d'être sa passagère en compétition jusqu'à l'apparition du
GEP. Le châssis exigeait moins d'excentricités de la part du
singe, alors j'ai recommencé. Parmi mes plus beaux souvenirs, une
place de quatre au Moto Journal 200, en compagnie des meilleurs
équipages du monde... Après le side il y a d'autres aventures
comme la montgolfière. Nous avons été Champions de France de la
spécialité ! Ensuite ce fut l'aventure des voitures solaires.
Philippe Moch avait construit un prototype que je pilotais. En 92 et
93 j'ai gagné toutes les courses... Quand le cancer l'a emporté,
j'étais dévastée. L'association (les Amis de Gérard Jumeaux)
était une façon de faire perdurer son amour de la moto et de la
course, pour le garder toujours parmi nous..."
Avec le side Honda,
Gérard trusta plus de 30 victoires. Notez la tenue un peu
"débraillée" du passager
Le tour de
France 1974
une belle victoire mal récompensée.